Diagonale des fous, Récits de course

La Diagonale des Fous – Récit de course

Vue sur les Cirques

L’aéroport

Notre aventure commence à l’aéroport. En effet, c’est la première fois que mon homme prend l’avion, et moi, ça fait 20 ans ! Autant vous dire que nous sommes comme des enfants devant un manège lol.

L’aéroport d’Orly est très grand et comporte plusieurs zones, nous nous faisons donc déposer à Orly 4, 3h à l’avance, comme précisé sur notre carte d’embarquement.

Enregistrement

Aéroport Orly
Aéroport Orly

Dès l’entrée, on repère le panneau digital pour connaître la porte d’enregistrement. Même si je l’ai fait la veille en ligne, nous devons déposer nos bagages en soute. Là, on a le choix, soit on le fait nous-même via une borne électronique, soit via une hôtesse. On choisi la présence humaine. On présente notre pièce d’identité et notre code de transport (papier ou digital), puis nos bagages sont pesés, étiquetés et partent sur un tapis roulant.

Maintenant, c’est la longue attente avant l’embarquement et j’en profite pour aller aux toilettes.

Sécurité

Aéroport Orly
Aéroport Orly

On termine de se restaurer et de boire avant de passer par l’inspection des bagages, du voyageur ainsi que le passage à la frontière.

L’ambiance dans ce secteur est tendue, les clients et les employés sont sous tension. C’est le bazar, il y a plein de files d’attente, on nous demande de nous presser, on ne sait pas trop quoi mettre dans les bacs, c’est un peu confus pour des novices comme nous. Je vois que mon homme passe plusieurs fois le porche de sécu et que l’employée et lui commencent à s’énerver. Du coup, il a le droit à une fouille complète par un autre collègue. Il faut savoir que mon homme, c’est le genre à choisir la mauvaise file à la caisse ou au péage, donc ça ne m’étonne même pas mdr.

Moi étant sa compagne, j’ai le droit à l’analyse explosif sur mes mains. Tout se termine bien, évidemment, mais beaucoup de stress pour rien. Si on nous avait clairement dit ce que nous devions enlever, on aurait perdu moins de temps !

Je vous conseille aussi les produits cosmétiques solides, ils sont plus pratiques en voyage.

Embarquement

Avion Frenchbee
Avion Frenchbee

On se détend un peu dans les boutiques détaxées et on achète de l’eau et quelques ravitaillements. Au moment d’embarquer, je m’aperçois que certains voyageurs ne respectent pas forcément les contraintes de la compagnie concernant les dimensions de la valise cabine et que ça passe quand même. Alors que moi, j’ai acheté une nouvelle valise pour 2 cm. Le problème, c’est que parfois il n’y a plus de place pour les autres, forcément…

Conseils :

Quand on vous précise l’horaire d’embarquement c’est après avoir passé le poste de sécurité et il y a parfois beaucoup d’attente (mini 30 minutes).

Préparez les objets à poser dans les bacs de sécurité (denrée alimentaire interdite) : objets électroniques, batterie, liquide moins de 100ml, médicaments…

Enlevez votre veste, casquette, écharpe, ceinture, montre, objet métallique sur vous (clés, pièces, bijoux…), parfois même les chaussures, avant de passer le portail de sécurité. Évitez aussi les vêtements avec strass, paillettes.

Votre passeport et votre carte d’embarquement doivent toujours être facilement accessibles, car on vous les demandera plusieurs fois, même pour faire des achats dans les boutiques.

L’avion

Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
previous arrow
next arrow
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
previous arrow
next arrow

Installé dans nos sièges, on est comme 2 ados dans un manège à sensation forte. L’accélération et le décollage nous plaquent au siège, puis on s’extasie de la vue à travers le hublot. Paris scintille de mille feux, c’est féerique.

Les heures passent, on regarde un film, on mange, on essaie de dormir, mais 11h de trajet, c’est long. Et lorsque je trouve enfin le sommeil, un message de la compagnie me réveille en sursaut à 4h du matin pour me proposer un café ! Grrrr

Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
previous arrow
next arrow
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
Avion Frenchbee
previous arrow
next arrow

Le soleil se lève peu à peu et la vue de jour est paradisiaque au-dessus des nuages.

Enfin, c’est l’atterrissage et les applaudissements des passagers retentissent dans la cabine. Nous sommes enfin sur l’île de la Réunion 🙂

À l’arrivée, on récupère nos valises et j’ai même le droit à un petit cadeau de la compagnie Frenchbee pour la Diag (tour de cou + kit solaire).

Pot d’accueil Diagonale des Fous

Pot accueil Diagonale des fous
Pot accueil Diagonale des fous
Pot accueil Diagonale des fous
Pot accueil Diagonale des fous
Pot accueil Diagonale des fous
Pot accueil Diagonale des fous
Pot accueil Diagonale des fous
Pot accueil Diagonale des fous
Pot accueil Diagonale des fous
Pot accueil Diagonale des fous
previous arrow
next arrow
Pot accueil Diagonale des fous
Pot accueil Diagonale des fous
Pot accueil Diagonale des fous
Pot accueil Diagonale des fous
Pot accueil Diagonale des fous
previous arrow
next arrow

Une petite photo devant la bâche Grand raid et on se dirige vers la tente pour le pot d’accueil. Cette dernière n’est d’ailleurs pas très facile d’accès avec des valises. Après ce petit parcours du combattant, on se dévêtit, car il fait déjà super chaud et lourd.

Je récupère mon cadeau offert par l’IRT (un brassard) et une casquette offerte par l’agence de voyage. Je goûte quelques spécialités locales et un jus de fruit Diego, celui-ci est tellement bon qu’il sera ma boisson apéro de ce séjour.

Ça y est, l’aventure commence…

Conseils :

Prévoyez vos propres écouteurs, votre cale tête.

Les places au fond de l’avion sont plus bruyantes, à cause des moteurs.

Choisissez le côté droit de l’avion si vous voulez voir l’île de la Réunion en arrivant.

Comparatif des compagnies ici.

Retrait des dossards – La Diagonale des Fous

Dossard Diagonale des Fous
Dossard Diagonale des Fous
Dossard Diagonale des Fous
Dossard Diagonale des Fous
Dossard Diagonale des Fous
Dossard Diagonale des Fous
Dossard Diagonale des Fous
Dossard Diagonale des Fous
Dossard Diagonale des Fous
Dossard Diagonale des Fous
Dossard Diagonale des Fous
Dossard Diagonale des Fous
Dossard Diagonale des Fous
Dossard Diagonale des Fous
Dossard Diagonale des Fous
Dossard Diagonale des Fous
previous arrow
next arrow
Dossard Diagonale des Fous
Dossard Diagonale des Fous
Dossard Diagonale des Fous
Dossard Diagonale des Fous
Dossard Diagonale des Fous
Dossard Diagonale des Fous
Dossard Diagonale des Fous
Dossard Diagonale des Fous
previous arrow
next arrow

Quelques jours et randonnées plus tard Détails ici., on se rend vers la Mairie de Saint-Pierre pour le retrait des dossards. Ce monument jaune orangé est l’ancien grenier à café de la Compagnie Française des Indes Orientales.

Arrivée vers 9h, je découvre stupéfaite une chenille de sportif à travers le parc de l’Hôtel de ville. Nous sommes quand même 2800 inscrits. Il me faudra 45 minutes d’attente pour récupérer le fameux dossard, le tee-shirt et mes 3 sacs. Ensuite, il me faudra de nouveau faire la queue 40 minutes pour récupérer des goodies et surtout ma casquette saharienne. Et pour finir, attendre 1h pour faire la photo derrière un panneau logoté SFR et récupérer ma balise Capturs.

Vous l’aurez compris, je suis ressortie 3h plus tard et mon homme a dû attendre seul pendant ce temps-là (interdit aux accompagnants). Heureusement que la course n’avait pas lieu le soir même, car j’avais les jambes lourdes.

Récit de ma Diagonale des Fous

Alimentation

Alimentation Ultra
Alimentation Ultra

Boisson isotonique maison, eau Hydroxydase (+ de 20 minéraux), Sève de bouleau + thé Matcha Belseva (anti-fatigue), repas complet en soupe Feed, compote. Sur les ravitos je mange des fruits et de la soupe quand il y en a. Je n’ai jamais eu de problème de digestion personnellement sur mes trails longs.

Départ de la Diagonale des Fous

Navette

Navette Diagonale des Fous
Navette Diagonale des Fous

Je décide de me rendre au départ vers 21h30. J’ai la boule au ventre comme jamais sur une course. Mon homme n’a pas peur pour moi, mais pour lui mdr. Habituellement, c’est moi le copilote et il a peur de se perdre, même si je lui ai donné toutes les informations.
Voir son aventure en tant qu’assistant ici.

On se gare facilement au ZAC Canabady (Décathlon) et on prend la navette mise en place gratuitement par l’organisation. Une femme créole met l’ambiance, ça chante, habituellement les traileurs sont muets et sous tension, ça me détend.

Ravine blanche

Départ Diagonale des Fous
Départ Diagonale des Fous
Départ Diagonale des Fous
Départ Diagonale des Fous
Départ Diagonale des Fous
Départ Diagonale des Fous
Départ Diagonale des Fous
Départ Diagonale des Fous
previous arrow
next arrow
Départ Diagonale des Fous
Départ Diagonale des Fous
Départ Diagonale des Fous
Départ Diagonale des Fous
previous arrow
next arrow

On nous dépose dans une rue et on suit les locaux pour arriver à la Ravine Blanche. Il y a du monde partout, des concerts, je ne sais pas où me diriger pour rentrer dans l’arène. Je fais un dernier bisous à mon homme, car je sais que je ne le verrai plus avant des heures.

Un bénévole contrôle mon sac complet et je m’allonge vers 22h sur un bout de terrain herbeux pour me reposer loin de la foule. J’ai très vite froid et je mets une veste.

30 minutes avant le départ, je me dirige en queue de peloton. Là au milieu de tous ces coureurs, la musique qui résonne, je sens les larmes montées. Je sais la chance que j’ai d’être là, de participer à cette course, cette Diagonale des Fous, tous ceux autour de moi aussi sans doute. On a tous nos rêves et nos espoirs, notre histoire, mais c’est un grand moment que nous n’oublierons jamais, peu importe l’issue.

Le départ est donné dans une ambiance de folie, je lève la tête et salue le public avec un grand sourire, je suis sur un petit nuage. Je redescends vite sur terre quand je me prends le pied dans un protège câble au sol et vole vers l’avant, je me vois déjà sur le bitume, piétinée tel Mufasa par une ruée de 2800 coureurs. Je me rattrape comme je peux grâce aux coureurs près de moi. J’ai évité la catastrophe de justesse et je dis en rigolant au coureur à ma gauche :

J’ai failli faire 100m à La Diagonale des Fous

Durant 40 minutes, des spectateurs, de la musique, des concerts, du tam-tam rythment le parcours bétonné. Je n’ai jamais vécu une ambiance de départ pareille, il faut le vivre pour le croire.

Conseils :

Prévoyez un carton pour vous allonger sur le sol caillouteux si vous arrivez longtemps à l’avance pour partir dans les premiers.

Et surtout, regardez où vous mettez les pieds lol.

Domaine Vidot

Diagonale des Fous
Diagonale des Fous

Après ces 40 minutes de ferveur urbaine, je rentre dans le vif du sujet en traversant les champs de canne à sucre. Malgré tout, par moment, quelques irréductibles sont encore là avec un bon feu de bois pour nous encourager. Ici, nous sommes des raideurs et pas des traileurs. Et c’est qui les plus forts ? C’est nous mdr.

Je me fais aussi arroser durant quelques kilomètres à cause des arroseurs automatiques.

J’arrive rapidement au premier ravito et je cherche mon homme. Je ne le vois pas et je ne compte pas m’attarder à ce point. Je sors rapidement de la salle et après un coup de téléphone, j’ai juste le temps de le prendre dans mes bras et repartir.

Finalement, 5 minutes plus tard, je suis stoppée par les bouchons. Ceux-ci ne finiront qu’à la fin de la montée, soit 10km. Mais l’ambiance est bonne, il y a même une locale qui chante pour motiver les troupes.

Notre Dame de la Paix

J’ai envoyé quelques messages à mon homme, mais je n’ai eu aucun retour, car il n’y a pas de réseau.

T’es où ?

Ben sur La Diag mdr.

À mon avis ma balise Capturs SFR ne doit pas fonctionner comme il faut. J’espère qu’il a bien trouvé le prochain point.

Dès la fin de l’ascension, j’en profite pour dérouler un peu jusqu’au ravito. Je commence à voir des suiveurs et je cherche le mien dans la pénombre. Derrière un camion, je vois un coureur qui a le même sac de survie orange que moi.

Arrivée sur le stand, c’est le champ de bataille, le reste de quelques victuailles parsèmes les tables sur tréteau. Quand je demande de la soupe à un bénévole, on me répond qu’elle sera prête dans 15 minutes ! J’ai faim, j’aimerais faire le plein, me reposer, mais je ne trouve pas mon homme et impossible de le joindre par téléphone. Il y a des lits, mais ils sont tous occupés. Je décide de partir un peu énervée, il faut bien l’avouer.

Je descends la pente en déroulant et en arrivant sur la route, qu’est-ce que je vois ? La voiture de mon homme. Hé merde, il est bien là, mais où ? Un choix se pose à moi et je décide de remonter les 500m que je viens de descendre pour le retrouver. Je sais qu’il a passé du temps à faire la route pour moi, je ne peux pas le laisser en plan. De plus, il faut que je fasse le plein et dorme un peu pour assurer la suite.

De retour au ravito, je crie plusieurs fois son prénom et je le retrouve emmitouflé dans le sac de couchage derrière un camion. Vous savez, celui que j’avais remarqué ?

Après 20 minutes de sieste et une soupe aux vermicelles (enfin prête), j’ai l’impression d’avoir loupé le train. Le ravito est plus silencieux et moins bondé, il va falloir que je rattrape mon retard. J’ai aussi très froid, il a gelé cette nuit, je mets donc ma veste ainsi qu’une couche chaude avant de partir.

Nez de Boeuf

Lever du jour
Lever du jour
Lever du jour
Lever du jour
Lever du jour
Lever du jour
Lever du jour
Lever du jour
previous arrow
next arrow
Lever du jour
Lever du jour
Lever du jour
Lever du jour
previous arrow
next arrow

Après une ascension sur le bord de la route, je rentre en plein champ. Et quelques minutes plus tard, je retrouve la queue de peloton et les bouchons !

Le soleil se lève et me réchauffe, je retrouve les chemins empruntés il y a quelques jours, lorsque nous nous sommes rendus au Piton de la Fournaise. Le paysage change au fur et à mesure de l’ascension. Après les champs, je traverse une forêt de cryptomerias qui peu à peu s’estompe pour laisser place à un parterre d’arbustes et une terre rouge.

Ne pas déranger
Ne pas déranger

Quand j’arrive au ravito, mon homme est là 🙂 et mon sac de couchage aussi. Mais le bruit des bénévoles écrasant des bouteilles de plastique m’empêchent de réellement dormir, je ne fais que fermer les yeux.

Mare à boue

Diagonale des Fous
Diagonale des Fous

Je profite d’une route forestière descendante et déroulante pour courir quelques kilomètres, car après, je ne pourrais peut-être plus le faire.

J’arrive donc rapidement au ravito. Enfin, c’est ce que je pensais quand j’ai croisé mon homme sur le bord de la route. En réalité, il y a au moins 1km à parcourir sur une route plate en plein cagnard. Celle-ci me parait interminable et me plombe les jambes. Mon homme me précise que ma balise Capturs a un décalage énorme, au moins 20 minutes.

Diagonale des Fous
Diagonale des Fous

Au ravito, je mange des pâtes et du jambon cru avant de faire une petite sieste de 15 minutes au soleil. Le problème, c’est qu’après ce repas et la chaleur, je commence à somnoler. Mes quelques siestes ne sont que des leurres où je ne fais que fermer les yeux. J’ai perdu du temps à rien. Je commence à piquer du nez et me faire quelques frayeurs dans la montée rocheuse.

Mare à boue
Mare à boue
Mare à boue
Mare à boue
Mare à boue
Mare à boue
Mare à boue
Mare à boue
Mare à boue
Mare à boue
previous arrow
next arrow
Mare à boue
Mare à boue
Mare à boue
Mare à boue
Mare à boue
previous arrow
next arrow

Heureusement, le sentier devient de plus en plus technique et surtout magnifique au fur et à mesure que je rentre dans le cirque de Cilaos. Cela me réveille un peu. Il faut l’avouer, jusqu’ici le paysage n’était pas exceptionnel.

Les Sphagnum tapissent le sol, les couleurs varient du jaune au vert en passant par des nuances de rouge. Je monte de rochers en rochers et le sol devient de plus en plus humides. Pendant un moment, je me demande si je ne me suis pas trompé de parcours, car sur le profil, je ne voyais pas la côte aussi longue et raide et je ne vois que des casquettes violettes. Je suis face à un mur dans la jungle tropicale. Elle me parait interminable, mais je me rassure quand je vois une casquette jaune au loin.

Le sentier devient de plus en plus boueux et je mets finalement 4h pour arriver au sommet. Et je sais maintenant pourquoi on appelle cela mare à boue.

Cilaos

Cilaos
Cilaos
Cilaos
Cilaos
Cilaos
Cilaos
previous arrow
next arrow
Cilaos
Cilaos
Cilaos
previous arrow
next arrow

Quand enfin, j’entame la descente, celle-ci est très abrupte et le coureur devant moi me dit que cela va être short pour la suite. Je pensais être large, et même prendre de l’avance sur cette portion, c’était sans compter la réalité du parcours. J’entends les festivités et j’aperçois la ville de Cilaos, au milieu du Cirque. Cela me parait encore bien loin et je ne fais que regarder ma montre au fur et à mesure que je descends. Les cuisses et les genoux chauffent, j’essaie de gérer au mieux, je commence à douter.

Lorsque j’arrive en bas de la pente, je déroule, j’y crois encore. Mais on me prévient qu’il y a encore une ravine à passer, c’est-à-dire un ravin à descendre, mais aussi à monter.

Au bout de 2h j’arrive à Cilaos, j’ai donc mis 6h pour faire cette portion et je n’ai plus qu’une heure d’avance.

Je me fais interviewer à cet instant par Réunion Première et j’explique que pour une grosse dormeuse comme moi, cela va être difficile. J’ai honte intérieurement quand elle me demande ma prépa mdr. Car oui, il faut bien l’avouer, je n’ai pas fait de prépa spécifique, je dirais même que j’ai moins couru que l’année dernière, j’ai fait plus de triathlon. En moyenne, je faisais 40km maxi par semaine. Car je savais que ce n’était pas de la course qui m’attendait ici. Alors j’ai fait surtout de la marche, des montées d’escalier sur les terrils et du renforcement musculaire. Et surtout, j’avais d’autres projets et priorités, sans compter le travail et la famille.

Au ravito je ne trouve pas mon homme, il est de nouveau injoignable alors je me laisse tenter par un massage au stand kiné. On me précise que mes jambes vont plutôt bien. C’est vrai que j’éprouve de la fatigue musculaire, mais pas de grosse douleur. Même mes pieds sont en bon état, aucune ampoule. Il faut dire que je les tanne depuis 1 mois.

Après ce moment détente, je me change pour la nuit qui arrive et après plusieurs recherches, je tombe enfin sur un ravito coureur. Je mange quelques pâtes avec du poulet, puis j’envoie un message pour dire à mon homme que je pars.

On finit par se retrouver, un peu agacer tous les 2 par ce jeu de cache-cache. Il faut dire que monsieur était à la sortie du ravito, dans un jardin privé, autant vous dire que s’il n’avait pas réussi à me joindre par téléphone, je ne l’aurais jamais trouvé. Quand je vois qu’il avait tout préparer pour ma sieste et mon ravito je trouve ça mignon, même si je sais que je ne pourrais pas en profiter. En effet, il ne me reste plus que 20 minutes d’avance maintenant. Je sais aussi qu’il a fait des kilomètres pour moi et qu’il patiente depuis des heures.

Qu’est-ce que cela doit être bien quand on est rapide, que l’on peut prendre le temps de se doucher, dormir… Mais bon, il faut faire avec la machine que l’on a, et je n’ai pas à me plaindre, celle que j’ai à d’autres qualités.

Taïbit

Même si la descente est un peu technique, je déroule pour gagner un peu de temps. Je suis plus motivée que jamais.

Le Tangue
Le Tangue

Je croise un Tangue (hérisson réunionnais) et je fais barrage pour qu’il ne se fasse pas écraser.

Une nouvelle montée m’attend, quand je regarde le graphique, je vois qu’elle est toute petite. Mais comme celle d’avant, elle est plus dure que je ne l’imaginais et je vois le temps qui s’écoule de plus en plus vite. Plus le temps avance et plus je me fais une raison sur le reste de la course.

La nuit commence à tomber, je pensais entendre beaucoup de bruits, mais il n’en est rien.

Vous connaissez la Fable de la grenouille ? Et bien moi oui, et je ne veux pas continuer bêtement, m’adapter coûte que coûte et crever en pleine jungle mdr. Bref, malgré ma force de caractère et mes objectifs, je reste lucide face au danger.

Taïbit
Taïbit

Alors, quand j’arrive au pied du col Taïbit, et bien, je rends mon dossard, sans regret, sans peine. Car il serait inconscient de s’engager de nuit avec mon état de fatigue sur ces sentiers techniques, surtout sans possibilité de rapatriement et les barrières horaires à respecter. D’ailleurs, sachez qu’il n’y a pas de rapatriement sur le Grand Raid, vous devez avoir votre logistique personnelle si vous vous arrêtez.

Il est 19h45, je n’avais plus que 30 minutes d’avance et il me fallait le double, au moins. Et finalement j’ai eu raison, quand j’ai regardé les finisher, il fallait arriver avant 19h.

J’ai vécu une belle aventure, je savais que la gestion du sommeil allée me poser problème, surtout lorsque l’on n’est pas très rapide. Et oui, je ne me suis pas levée un matin à 40 ans comme Nathalie Mauclair avec une prédisposition innée mdr. Mais cela ne m’empêche pas de vivre mes rêves à fond et de vivre de belles aventures.

Gros dodo, marché, restau, double mojito, plage, rhum arrangé

Je crois que j’ai résumé la journée suivante mdr.

Oui je suis une bonne vivante, j’aime les bonnes choses, je ne me suis jamais privée de rien pour une course (même si je ne fais pas souvent d’excès).

La Possession

L'arbre des âmes - Avatar
L’arbre des âmes – Avatar

Là, vous vous dites, j’ai loupé un truc, des paragraphes ont disparu. Que Nenni, on avait un plan B. Enfin, ce n’est pas ce que l’on avait imaginé, il faut l’avouer. D’ailleurs, la vie, tout comme l’ultra, est pleine de rebondissement et c’est pour ça que je l’aime au final.

Bref, mon homme s’était inscrit sur la randonnée de 23km qui accompagne les derniers arrivants du Grand Raid, c’est-à-dire moi. Au final, et bien, c’est moi qui l’aie accompagné mdr.

La possession
La possession

Bon j’avoue, lorsque je suis arrivée sur le fameux Chemin des Anglais, j’ai un peu regretté mon double mojito de la veille mdr. Vous pensez peut-être en regardant le graphique de La Diagonale des Fous que la fin est moins coriace. Détrompez-vous, une montée interminable sur des pierres de basalte noir, en plein cagnard vous attend.

Chemin des Anglais
Chemin des Anglais

Pour la petite histoire, cette voie de 9km a été tracée afin de faciliter le passage des charrettes à bœufs entre La Possession et Saint-Denis, seul chemin reliant ces deux villes à l’époque. Ensuite, 3000 soldats anglais ont franchi cette voie pour envahir Saint-Denis et conquérir l’île en 1810.

Joelette Grand Raid
Joelette Grand Raid

De nos jours, une joëlette traverse cette voie pavée, avec à son bord, un être humain qui profite de l’ambiance de ce Grand Raid, grâce à de valeureux et courageux bénévoles. Et je leur tire mon chapeau, car sur ces sentiers abrupts, il faut le faire.

Chemin des Anglais
Chemin des Anglais

J’aime aussi voir certains randonneurs proposer leur aide à des raideurs à bout. Certains ont tout prévu dans leur sac pour parer à toutes éventualités. Parfois, il suffit simplement d’engager une discussion, pour éviter que la personne ne s’endorme et continue jusqu’au bout. D’autres fois, il faut supporter de chaque côté un valeureux soldat blessé dans la bataille. Quand je vois l’état de certains, cela ne donne pas très envie, il faut bien le reconnaître.

Grande Chaloupe

L’arrivée à Grande Chaloupe permet de contempler la gare et la locomotive, vestiges oubliés de l’ère ferroviaire. On fait le plein d’eau car le parcours est toujours en plein soleil.

Chemin des Anglais
Chemin des Anglais

Au sommet, on remarque au passage deux croix et un oratoire demandant aux passants de prier. C’est également de cet endroit qu’on a la meilleure vue sur les travaux pharaoniques de la Nouvelle Route du Littoral.

Chemin des Anglais
Chemin des Anglais

Colorado

Avant de s’engager dans le Parc du Colorado, on traverse une route et je regarde la démarche pingouin d’un raideur local devant moi. Des bénévoles nous encouragent en musique et nous invitent à prendre un nouveau sentier grimpant. Le coureur s’arrête et demande à un bénévole de lui mettre une musique Pei qu’il affectionne. Ce dernier se met alors à danser, les bénévoles à chanter, c’est délirant. Il a certainement mal partout et pourtant, il garde le smile et sa bonne humeur. Ce genre d’ambiance et de coureur, vous ne les croiserez nul par ailleurs.

Colorado
Colorado

Et comme son nom l’indique, au Colorado, il fait chaud, la terre est rouge et sèche. C’est aussi pour les Réunionnais un parc de jeux pour enfant et un agréable endroit pour pique-niquer. D’ailleurs j’ai été étonnée de voir autant d’espaces aménagés pour que les familles puissent se réunir le dimanche autour d’un barbecue (il y a 236 kiosques, 887 tables et 632 places à feux sur l’île). Le pique nique dominical est une tradition à La Réunion depuis que la population est devenue plus citadine. Au menu, il y a toujours du riz, des caris cuits au feu de bois dans des marmites, des rougails…

Saint-Denis – Arrivée Diagonale des Fous

J’encourage un raideur en lui disant “allez, c’est la fin, ça descend maintenant, bravo, courage”. Il me répond “ça se voit que vous ne connaissez pas la fin”.

Descente vers Saint Denis
Descente vers Saint Denis

J’ai compris pourquoi quand j’ai arpenté, voir escalader la descente jusqu’à Saint-Denis. Je peux vous dire que les “randonneurs” n’étaient pas de trop sur les sentiers pour aider certains raideurs au bout du rouleau physiquement et mentalement. Cela évite aussi certains accidents sûrement. Je n’avais jamais vu des coureurs dans cet état.

Supporter Réunionnais
Supporter Réunionnais

Tout ce que je peux vous dire, c’est que je n’ai pas eu les larmes aux yeux en passant la ligne d’arrivée, même si c’était un grand bonheur de le franchir en duo avec mon homme. Par contre, je les ai eues en voyant des inconnus en aider d’autres à réaliser leur rêve, à les supporter dans la souffrance. Si le départ est mémorable, l’arrivée l’est moins je trouve, surtout quand après des heures d’effort, vous arrivez dans un stade en plein cagnard sans point d’ombre.

Arrivée Saint denis
Arrivée Saint denis
Arrivée Saint denis
Arrivée Saint denis
Arrivée Saint denis
Arrivée Saint denis
Arrivée Saint denis
Arrivée Saint denis
previous arrow
next arrow
Arrivée Saint denis
Arrivée Saint denis
Arrivée Saint denis
Arrivée Saint denis
previous arrow
next arrow

J’étais aussi obligée de retourner à Saint-Denis pour rendre ma balise Capturs, et j’ai été très déçue quand on m’a annoncée que je ne pourrais pas avoir mon tracé de course. Bref vous l’aurez compris, je ne vous conseille pas de louer cette balise, pour le suivi vous avez livetrail, c’est gratuit et plus live.

Avis Diagonale des Fous

Pour finir, je dirais que j’ai adoré mon aventure atypique, et si je reviens sur ces terres, se sera pour traverser les Cirques en trek. Comme je l’ai déjà dit, physiologiquement, je ne suis pas faite pour des courses aussi longues sans repos. Et je suis de plus en plus frustrée d’avoir un chrono au cul.

J’ai envie dorénavant de prendre le temps de me poser au bord d‘un ruisseau, admirer un magnifique panorama, faire une sieste sous les arbres dans un hamac. Bref de profiter de la nature, de l’instant présent. Je cours assez après le temps dans la vie de tous les jours.

Bien sûr, je continuerais à me défier sur des courses plus courtes, car l’adrénaline sur une ligne de départ est irremplaçable.
Si vous souhaitez des conseils sur votre entrainement je vous conseille ce livre :

Vidéo

2 réflexions au sujet de “La Diagonale des Fous – Récit de course”

  1. Superbe récit, tu nous a fait rêver dans toute la lecture et aussi les photos, felicitation Sophie

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *