Récits de course

Samoens Trail Tour – Récit de course UTHG 87km

Samoens Trail Tour
Samoens Trail Tour UTHG – Cirque du Fer à cheval

Samoens Trail Tour – UTHG – 87km – 6500D+

Profil de l'UTHG 87km
Profil de l’UTHG 87km – Samoens Trail Tour

L’ultra Tour du Haut du Giffre est un vrai trail montagnard qui traverse le magnifique Cirque du Fer à Cheval et ses cascades. Trail technique et difficile, particulièrement enneigé en 2018.

Taux d’abandon en 2018, statistiques :

  • DNF 26,7% – côte ITRA mini 410 – 52% mettent plus de 19h

Nous côte ITRA : 417 et 452 – Et notre plus grand sommet d’entrainement c’est le terril de Loos en Gohelle 80D+ mdr

Estimez votre temps de course et temps de passage ici en fonction de votre côte ITRA

Équipement

Baskets Kalenji Trail, textile Kalenji, sac Oxsitis Hydragon 17L, bâtons Vertical, veste imperméable Hyperlight Raidlight, lampe frontale Armytek, crampons

Alimentation

Boisson d’effort maison, compote, lait soja chocolat

Récit de course Samoens Trail Tour – UTHG 87km

J-1

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Arrivée la veille à Samoëns après 8h de route, nous ne pouvons qu’admirer les lieux. Et surtout découvrir les montagnes que nous allons crapahuter demain.

Nous retirons facilement nos dossards, ainsi que notre tee-shirt, le sac d’allégement et une Eco-cup.

Puis direction l’appartement pour préparer nos affaires, le stresse monte. J’avoue, cette fois-ci, je flippe un peu.

Faut dire que statistiquement j’ai très peu de chance vu mon niveau et ma côte ITRA de 417 de terminer cette course ! Les barrières sont short. Pour mon homme, normalement, c’est bon avec sa côte de 452.

Vas-y fonce, oublie que t’as aucune chance !

De plus, je n’ai jamais fait plus de 13h de course et là j’en ai au moins pour 24h.

Bref, c’est le plus gros défi de ma vie de traileuse.

Jour J – 4h

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Je suis à la bourre comme d’habitude, nous arrivons 5 minutes avant le départ. Heureusement, il est plutôt facile de se garer.
Nous avons juste le temps de déposer notre sac d’allégement et de se placer.

Ça y est, c’est parti…Tranquillou, car cela monte direct. Donc on décide pour l’instant de rester ensemble avec mon homme. Je reste derrière lui et je suis sa cadence.

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Au bout d’une heure, le jour se lève et on range notre frontale.
On ne peut qu’admirer le paysage montagnard. Après un passage en sous-bois, cela se dégage et devient plus rocailleux.
J’adore cette partie, c’est vraiment magnifique.

On arrive en haut au bout de 2h30 de course. Bref je ne suis pas en avance !

Avant de descendre, je décide de resserrer mes chaussures pour éviter les échauffements aux pieds. Je dis à mon homme de ne pas m’attendre et de se faire plaisir, je sais qu’il dévale les pentes. Je ne le reverrai sans doute pas…

Mais je le rattrape au bout de quelques minutes, je trouve cela bizarre. Il me dit qu’il a des soucis avec ses nouvelles baskets Columbia, à cet instant rien ne va plus pour lui.

Premier ravito Crêt – 17°km – 7h30

On arrive au premier ravito, je suis trop contente quand je vois les morceaux de pastèques fraîches. Ça fait trop du bien !
Un bout de banane, quelques fruits secs, et un carré de chocolat que je recrache aussitôt, car je sais que je n’arriverai pas à l’avaler.
Sur un trail, il n’y a que la soupe, compote et fruits qui passent pour moi.

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Maintenant nous attend une belle montée 1200D+ en 8km, je montre du doigt à mon homme le haut de la montagne. Je vois que cela ne l’emballe pas.
Et durant les premiers kilomètres, je vois qu’il peine, il me dit qu’il manque de souffle.

J’avance à mon rythme et au bout de quelques minutes, je ne le vois plus derrière moi. Je continue donc mon chemin seule.

Sur le chemin, je commence à me faire doubler par les premiers du 50km. Je galère déjà à grimper avec mes bâtons et eux trottinent tranquillou, c’est pas humain lol !

Je vois un hélicoptère arriver, et merde, je vais encore me prendre une rafale de vent. Ça m’est arrivée 3 fois sur une course, mais je préfère le voir de loin que pour moi. Si je savais que quelques heures plus tard…

Point d’eau refuge de Folly – 20°km

J’arrive au point d’eau près d’un refuge et j’en profite pour aller aux toilettes, car je sais qu’après ce sera plus compliqué.

Après quelques minutes, je reprends la route et je vois au loin dans la descente mon homme. Ça va, il n’est pas si loin. Quand je vois tout ce que je viens de gravir, je me dis Wouhaou !

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Petit à petit, des névés apparaissent, cela glisse bien sur, mais surtout, il faut faire attention aux crevasses. Donc je reste sur le tracé et je fais le grand écart entre la glace et les rochers pour éviter les rimayes.

Je me retrouve sur un glacier, j’ai l’impression d’être au ski sauf que je suis en jupe/tee-shirt.

Finalement, le soleil est au rendez-vous, il n’y aura pas d’orages. Je mets donc ma casquette et mes lunettes car cela m’éblouit. Par contre ma peau apprécie beaucoup moins.

Un homme devant moi casse l’un de ses bâtons, je redouble d’attention pour ne pas en faire autant.

J’arrive en haut au bout de 7h30 de course, je suis à 2300m d’altitude.
Cette année on ne voit même pas le lac de la Vogealle avec toute la neige.

Toboggan dans la neige

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Maintenant cela descend donc je décide de mettre mes crampons.
Certes, je glisse moins, mais sur les pentes enneigées, je vais devoir faire comme tout le monde et glisser sur les fesses.

Forcément faire du toboggan dans la neige en jupe ça brûle les fesses. Je n’arrive pas à contrôler ma vitesse et je me prends une belle bosse ou je décolle.
Plus de peur que de mal !

C’est une luge pelle qui aurait du être dans le matériel obligatoire mdr

Au final, il y en aura 4 à dévaler et allez savoir pourquoi c’est toujours moi qui glisse le plus vite. Je dois avoir le cul aérodynamique mdr.

Je suis gelée, ça pique et je suis trempée, mais c’était fun ! La plupart des coureurs ont retrouvé leur âme d’enfant à cet instant lol.
Moi qui voulais un beau trail montagnard, je suis servie.

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Point d’eau refuge la Vogealle – 27°km

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Au point d’eau du refuge de la Vogealle, je m’aperçois que j’ai perdu mon bracelet avec le dénivelé. Et merde, j’ai plus de repère du coup !

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Maintenant je descends les pentes rocailleuses et j’admire le Cirque du Fer à cheval et ses superbes cascades. C’est la partie la plus jolie du parcours je trouve, tu sais à ce moment-là pourquoi tu es monté.
J’arrive au cœur des falaises au bout de 8h30 de course.

Ravito 2 Le Pelly – 37°km – 13h

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Le terrain est enfin praticable donc j’en profite pour dérouler jusqu’au ravito.
Malheureusement, je dois attendre 10 minutes, car les nouilles ne sont pas cuites et je dois manger. Je prends donc 15 minutes pour me restaurer.

C’est reparti pour une nouvelle montée, 700D+ en 4km.

Elle pique quand même celle-là, tout est en sous-bois, cela me fait penser aux Ardennes belges.

J’ai un gros doute, j’ai peur de ne pas passer la barrière ou ne pas avoir le temps de me changer.
Je me fais doubler par quelques coureurs, mais dans la descente, je les rattrape.

J’ai mis 2h pour la monter et 1h pour la descendre.

Ravito 3 Salvigny – 48°km – 15h45 / Barrière horaire 16h30

J’arrive donc avec 45 minutes sur la première barrière horaire. Je prends 15 minutes pour manger et me changer grâce à mon sac d’allégement.

Je découvre mes pieds blanc et fripés !
En effet, je cours avec les pieds mouillés depuis des heures à cause de la neige et les passages de rivières.

Je discute aussi avec mon homme et je sais qu’il n’arrivera pas dans les temps, je suis deg.

Maintenant, j’ai 1100D+ en 7km à crapahuter.

Je m‘arrête régulièrement 2 minutes pour reprendre mon souffle. Nous sommes plusieurs dans ce cas et nous nous croisons donc régulièrement.

On s’encourage mutuellement et parfois juste un regard et on se comprend

Cette côte est interminable, j’ai mis presque 3h pour arriver au bout !

Maintenant, j’attaque la descente, mais elle est trop raide et trop rocailleuse pour que je trottine. Les genoux commencent à être douloureux aussi donc je les ménage.
Je descends comme je peux ces 8km.

Je me dis que mon homme sera peut-être là du coup à la cascade du Rouget s’il n’est plus en course…

À mi-chemin je reçois un message, il me prévient qu’il a été voir les secouristes au dernier ravito, et vu son état il l’héliporte sur Annecy !

Là, psychologiquement, c’est pas top, mon homme ne va pas bien, je ne sais même pas si je vais passer la prochaine barrière et je vais peut-être me retrouver sdf à 4h du matin.
En effet, je n’ai pas les clés de la voiture et de l’appartement !
Mon homme me rassure en me disant qu’il a laissé les clés aux secouristes et qu’il est entre de bonnes-mains.

Bon là, j’ai 2 choix, soit je m’effondre et j’arrête tout, soit je me défonce et je termine pour nous 2.
J’entends au loin l’hélicoptère, et je décide de continuer.

Ravito 4 Salvigny – 63°km – 20h20 / Barrière horaire 20h30

J’arrive 7 minutes avant la barrière, j’ai juste le temps de remplir ma poche à eau. J’aurais voulu boire un bouillon de nouilles, mais c’est de la bouillie trop cuite.

Un bénévole me prévient de ce qui m’attend et m’influence à stopper.
Merde j’ai pas fait tout ça pour rien, l’abandon n’est pas une option que j’ai envisagé.

Si je suis arrivée à temps, c’est que je dois y aller !

Je suis encore en bon état, je n’ai pas de gros bobo, je pense que je peux y arriver.
Certes, je pars dans l’inconnu, je ne sais pas comment mon corps va réagir après 17h de course et je ne sais pas ce qui m’attend…

Samoens Trail Tour UTHG
Samoens Trail Tour UTHG –  Cascade du Rouget

Je suis seule au monde…

Je passe donc à côté de la Cascade du Rouget et sa pluie fine.
Et en commençant la montée, je me dis “il me manque quelque chose… merde, mes bâtons !”
Fais ch… demi-tour donc, je repars pil poil à 20h30.

Je suis étonnée de ne voir personne me suivre, pourtant, nous étions plusieurs à arriver dans les temps.
J’attends un peu dans la côte mais non, je suis bien la seule, et pas de serre-file. Ça craint quand même au niveau sécurité je trouve.

En plus, c’est THE côte qui m’attend, bien raide avec des racines. Je m’arrête régulièrement et je décide de mettre ma frontale car la nuit tombe.
Je suis seule en forêt, il y aura certainement de la neige en haut.

T’es complètement cinglée !

Je n’aurais pas aimé que ma fille fasse ce choix inconscient. Je vais me retrouver moi aussi héliporté sur Annecy avec mes conneries.

Mon guide

Je m’arrête 2 minutes et là, je vois arriver à une bonne allure un homme, sans dossard, c’est le serre-file ! Mon sauveur lol
Bref je suis trop contente et ça me rassure, je me disais bien qu’il ne pouvait pas me laisser seule quand même. C’est un Montagnard et en plus ultra traileur, et il me confirme que je peux y arriver, et qu’il fera tout pour, cool !

Même si je manque de souffle parfois, je papote un peu et un deuxième trail nocturne commence. Je lui précise que c’est la première fois que je suis dernière et que je suis avec un serre fil.

On ne voit aucunes lumières à l’horizon, je suis donc loin de l’avant-dernier.

J’enfile mon coupe-vent car il fait frais avec l’altitude et la cascade à proximité. Je regrette aussi de ne pas avoir pris de manches longues dans mon sac.

Plusieurs fois, j’évite d’embrocher de gros crapauds. Par contre, je suis un peu déçue de ne pas avoir vu de bouquetin aujourd’hui.

Nouvelle compagnie

Maintenant, j’attaque les névés et là ça craint, car si tu glisses, tu tombes dans le trou noir et tu n’es plus de ce monde je pense.

Arrive un moment où je préviens le serre fil que je ne le sens pas, donc il m’agrippe le bras et heureusement, car mon pied a bien glissé. Je me suis cramponnée aussi à mon bâton du coup, mais je me suis fait une belle frayeur.

On aperçoit au loin des frontales, enfin, je ne suis pas si loin des autres.

Un kilomètre plus tard, on rattrape une femme à moitié endormie sur un rocher. On décide de faire une sieste de 10 minutes au prochain refuge. On repart donc à trois.

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Mes paupières sont lourdes

Je trouvais la neige fun cette après-midi, mais là plus du tout. J’ai froid, j’ai même mis des gants et parfois, je tremble quand je pose mon pied. Je prie pour ne pas glisser.

J’ai hâte que ça se termine.

On arrive enfin à 2350D+, le courageux bénévole est encore là pour nous bipper. J’ai mis 4h pour grimper ces 1300D+ en 10km.

J’entame la descente, mais celle-ci n’est pas praticable avec la neige et ensuite elle est raide et rocailleuse.
Je vois au loin les lumières du refuge du lac de Gers, mais je ne les vois pas se rapprocher.
Je sens que mes yeux se ferment et parfois, j’ai quelques absences, mes jambes fonctionnent en mode semi-automatique. Heureusement que j’ai mes bâtons aussi pour m’équilibrer.

Ravito 5 Salvigny – 78°km – 2h

On arrive enfin sur un chemin praticable et on se met à trottiner jusqu’au ravito, où je bois un bouillon. Finalement, on décide de repartir aussitôt sans dormir.
Ce serait dommage de ne pas arriver dans les temps pour une sieste, et puis trottiner m’a réveillée.

On repart donc à 3 plus motivé que jamais, on a 2h pour parcourir 10km, on y croit ! Surtout que le serre fil me prévient que sur ce trail, l’heure c’est l’heure, si j’arrive après 4h, c’est mort !
À ce rythme, on rattrape plusieurs coureurs et on perd donc notre serre-file. On en doublera finalement une dizaine dans cette descente.

Enfin, on aperçoit les lumières de Samoëns, on y est presque.

Je passe le pont, je vois l’arrivée proche, mais une balise me fait dévier, et finalement, je dois parcourir 1km en plus !

Je passe la ligne d’arrivée 30 minutes avant la barrière finale. On me remet la médaille finisher et je profite du repas offert dans la salle. Je suis contente d’avoir réussi cet exploit, mais seule, donc ce n’est pas le finish que j’avais imaginé…

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Je tenais à remercier le serre fil Freddy, sans lui ma fin de course aurait peut-être était moins belle. Carine aussi, car on s’est motivé mutuellement pour finir dans les temps.
Les bénévoles qui nous ont attendus parfois tard dans la nuit et le froid.
Les secouristes qui ont pris soin de mon chéri.
Et bien sûr à mon homme qui a toujours cru en moi et qui m’a motivée de son lit d’hôpital. Et qui a fini par reconnaître que j’étais plus forte que lui lol. Je t’aime mon chou et j’espère vivre encore de belles aventures avec toi, rétablis toi vite.

Vidéo Samoens Trail Tour UTHG

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